Notre Dame Mère de la Lumière (NDML), autrement appelée « Notre-Dame de la Lumière », est une association caennaise et une communauté nouvelle liée au Renouveau charismatique fondée par Alberto Maalouf en 2011, sans reconnaissance canonique de l'Église, mais qui a reçu une lettre de mission de l'ancien évêque du lieu, Jean-Claude Boulanger, en 2012 et 2015.

À la suite d'une enquête canonique débutée en , toute mission lui est retirée par le diocèse en raison de dérives sectaires. Elle n'est plus depuis 2017 un mouvement de l'Église catholique, même si elle poursuit ses activités. Alberto Maalouf est jugé en 2019 pour abus de faiblesse et sujétion psychologique. Il est relaxé en première instance ainsi qu'en 2021, le parquet ayant fait appel du premier jugement.

Depuis , l'évêque de Bayeux et Lisieux, Jacques Habert, « exerce une veille sur les activités entreprises par l’association NDML ».

Historique

L'association est issue d'une aumônerie d'étudiants rattachée en 2008 à la paroisse de la Sainte-Trinité à Caen. Elle est constituée autour d'Alberto Maalouf, né en 1988 au Liban, alors étudiant en médecine, converti la même année lors d'un pèlerinage à Medjugorje.

En , le groupe se constitue en association,. Il reçoit le une lettre de mission de l'évêque de Bayeux et Lisieux, Jean-Claude Boulanger. Il anime régulièrement à cette date les messes dominicales de la paroisse.

Le mouvement comprend une communauté nouvelle liée au Renouveau charismatique constituée d'environ 10 jeunes professionnels âgés d’une trentaine d’années qui ont prononcé des vœux privés et vivent dans deux maisons, l’une pour les femmes, l’autre pour les hommes, afin de vivre « comme les premiers apôtres ». Les membres partagent la moitié de leurs revenus avec l'association,.

L'évêque de Caen renouvelle le sa lettre de mission. Notre Dame Mère de la Lumière rassemble alors 200 personnes,. À la suite des conclusions négatives d'une visite canonique menée en 2016 à la suite de plaintes pour dérives sectaires, Jean-Claude Boulanger lui retire sa lettre de mission en 2017.

Le , son successeur Jacques Habert fait paraître un communiqué dans lequel il fait savoir que « depuis le mois de janvier 2024, [il] a mis en place un accompagnement des membres engagés au quotidien de l’association « Notre-Dame Mère de la Lumière » et exerce une veille sur les activités entreprises par l’association NDML. »

Activités

L'association comprend en 2019 environ 300 membres.

Elle organise à Caen des maraudes auprès de sans-abris à qui elle offre un repas deux dimanches par mois,,. Elle s'est aussi investie dans une mission humanitaire auprès de 500 familles au Liban touchées par les explosions du 4 août 2020.

Elle organise une fois par mois une « veillée de louange, adoration, témoignage, enseignement, prière pour les malades », retransmise sur Internet. Elle anime un site « Open Bible » destiné à l'étude du Nouveau Testament. L'association intervient également dans d’autres diocèses pour animer des soirées de louange et d’évangélisation.

Parmi « huit parcours de l’Avent à vivre en ligne », les vidéos de Notre Dame Mère de la Lumière sont citées en par le magazine Famille chrétienne qui en loue le « format [...] dynamique et destiné à « booster » la Foi des participants ».

L'association possède une chaîne YouTube qui totalise 578 000 abonnés en [source secondaire souhaitée].

Le chapelet récité en direct rassemble en moyenne 40 000 personnes quotidiennement[source secondaire souhaitée].

Accusations de dérives sectaires

Des plaintes d’anciens membres de l’association commencent à remonter dès 2011 à la « cellule Dérives sectaires » de l’épiscopat. Un ancien de NDML et un jeune psychologue, Benoît Lechevalier, créent l’association Tocsin destinée à défendre les victimes présumées de l'association. En 2015, l’UNADFI reçoit de nouvelles plaintes et prévient conjointement avec Tocsin la Miviludes, qui décide de saisir le procureur de Caen.

Bien que l'association ne bénéficie d'aucune reconnaissance officielle de l’Église catholique, elle fait l'objet d'une visite canonique fin confiée à une commission d'enquête présidée par Michel Guyard, évêque émérite du Havre. Le délégué à la communication du diocèse indique qu' « il ne s’agit en aucun cas d’une affaire de mœurs, mais plus de comportements ou de prises de parole ». La visite se tient après que Jean-Claude Boulanger a reçu de la Conférence des évêques de France un dossier d’une vingtaine de pages concernant les activités au sein de l’Église catholique des membres de l’association. L’enquête a pour objet de « vérifier les faits qui sont rapportés et le contenu des enseignements des responsables du groupe ».

L'enquête canonique s'achève en 2017, et Jean-Claude Boulanger retire sa lettre de mission à l'association. Dans un courrier aux enquêteurs qui reconnaissant l’échec de l’accompagnement de NDML par l’Église, Jean-Claude Boulanger qualifie Alberto Maalouf de « pervers narcissique », de « vrai séducteur », avec « une emprise sectaire sur les membres » de sa communauté, par le moyen de prières de guérison par imposition des mains et d'exorcismes dans un groupe très fermé suscitant des craintes pour la liberté des personnes en son sein. L’enquête canonique estime également que NDML recherche un blanc-seing de l’église afin de se constituer en communauté religieuse. Bien que Jean-Claude Boulanger affirme dans une lettre à l'association Tocsin que « NDML n’a pas de lien avec l’Église », l’association est cependant accompagnée à partir de février 2018 par l’évêque d’Angoulême, Hervé Gosselin, et par un dominicain.

Comparution devant la justice d'Alberto Maalouf

À la suite d'une enquête judiciaire ouverte en avril 2016, après plusieurs plaintes de membres de l'association, de leurs familles et de leurs proches, Alberto Maalouf est poursuivi pour « abus frauduleux de l'état d'ignorance ou de la situation de faiblesse » et placé sous contrôle judiciaire en ,. Après un renvoi de l'audience en octobre 2018, Alberto Maalouf comparaît en mai 2019 devant le tribunal correctionnel de Caen pour abus de faiblesse et sujétion psychologique sur 19 personnes. Cependant neuf parmi elles, que les experts psychiatres désignent comme des personnalités fragiles et facilement influençables, refusent d'être considérés comme victimes par le ministère public et apportent leur soutien à Alberto Maalouf.

Les dix plaignants restants dénoncent des « prières des frères » culpabilisantes, assimilées à « un vrai tribunal » par l'une des victimes, et une « obsession de la pureté » se traduisant par une exigence de pauvreté avec jeûne deux fois par semaine et de chasteté demandée dans la vie de couple, avec port pour les femmes d'un vêtement dissimulant leurs formes. Une idéologie moralisatrice conduisant certains membres à se couper de leurs familles vivant « dans le péché ». « Au sein de son association, le médecin [Alberto Maalouf] assurait à ses quelque 300 sympathisants que Dieu lui parlait directement »,. Des prières de guérison [...] auraient conduit certaines personnes, persuadées d’avoir été guéries, à cesser leurs traitements médicaux au péril de leur santé. Des témoignages à la barre, parlent d'une sortie du mouvement s'accompagnant d'intimidations ou d'un rejet humiliant. « Sous des dehors fréquentables, on retrouve tous les signes de l’emprise sectaire avec perte d’identité progressive » selon l'avocat de deux anciennes adeptes.

Le Parquet requiert une peine de deux ans de prison avec sursis, assortie d’une mise à l’épreuve de trois ans, l'interdiction d’entrer en contact avec les plaignants, de participer à toute vie associative et 15 000 € d’amende, somme réclamée comme indemnisation par certaines des parties civiles,, qui comptent l'UNADFI et l'Ordre des médecins. Cette dernière instance reproche à Alberto Maalouf lors de son procès un conflit d’intérêt en tant que médecin urgentiste au CHU de Caen et guérisseur imposant les mains à ses fidèles : « Il a une aura en sa qualité de médecin. Il est médecin partout et tout le temps. Il y a, de la part du Docteur, un abus de l’état d’ignorance. C’est une secte, il s’agit du plus grand intégrisme religieux ! Il y a des actes gravement préjudiciables, cela porte atteinte à l’intérêt collectif ».

Relaxe en première instance

Le tribunal rend son verdict en et relaxe le président de NDML en estimant qu’il n’y a « ni enrichissement personnel, ni captation d’héritage, ni abus sexuel ». Selon Benoît Lechevalier de l'association Tocsin, l'absence de preuves matérielles a joué dans ce verdict : « Souvent, dans les histoires d’emprises mentales, il y a des problèmes liés au sexe ou à l’argent. Comme ce n’est pas le cas, cela s’avère plus compliqué à démontrer ». L'avocat d'Alberto Maalouf parle d’un simple règlement de comptes dû à « l’échec d’une relation amoureuse » entre un des fondateurs de l’association Tocsin et une membre de NDML.

Appel du parquet et relaxe définitive

Le parquet fait appel du verdict, et Alberto Maalouf comparaît à nouveau devant le tribunal de Caen pour abus frauduleux de l’état d’ignorance ou de faiblesse. Le dossier de 1000 pages constitué sur NDML est réexaminé. Cependant, 12 des victimes présumées sur 19 « ne partagent pas l’avis du parquet et assurent faire partie de leur plein gré de l’association Notre-Dame mère de la lumière (NDLM) ». En septembre 2021, la sentence initiale est confirmée et Alberto Maalouf est à nouveau relaxé.

Il continue ses activités à Caen en tant que président de NDML, à la grande satisfaction du groupe qui « n’exclut pas d’engager des poursuites envers ceux qui mettraient en cause de nouveau l’association ».

Notes et références

  • Portail du catholicisme
  • Portail des associations

notre dame de la lumière en direct chapelet ndml youtube Lifecoach

Une enquête ouverte à Caen sur une association catholique Portail

Neuvaine Notre Dame des Lumières

NotreDame de Lumières

Poitiers NotreDame se pare de lumières tous les soirs